On fait le bilan, calmement
Publié le 9 février 2022
par Nicolas Reboud
9 min. de lecture
Publié par Nicolas Reboud
Mis à jour le 4 juillet 2023
9 min
Depuis sa création, Shine s’est donné une double mission : construire une banque qui protège et accompagne tous les entrepreneurs, tout en construisant une entreprise responsable.
Nous vous parlons régulièrement de la première partie de la mission. Aujourd’hui, nous voulons revenir sur la deuxième : construire une entreprise responsable. Et en particulier, nous voulons vous parler d’environnement, de notre responsabilité en tant qu’entreprise, et de nos projets pour le protéger.
Le changement (climatique) c’est maintenant
Nous vivons aujourd’hui une crise climatique. Une crise causée par un réchauffement climatique, lui même causé par une émission (très très très très) excessive de CO2 par l’être humain. En tant qu’entreprise, Shine a bien sûr une responsabilité dans ces émissions. Nous avons donc aussi un rôle à jouer pour les diminuer.
D’autant plus que le secteur financier et, dans une moindre mesure, l’industrie numérique, sont responsables d’une partie importante des émissions de gaz à effet de serre. Et devinez quoi ? En tant que néobanque, nous sommes pile à l’intersection du numérique et du financier, et les comptes pro Shine reposent donc sur plusieurs de ces services réputés polluants (serveurs numériques et services bancaires par exemple).
Comme nous sommes conscients de notre potentiel impact environnemental et que nous avons à coeur de le limiter au maximum, nous avons déjà pris plusieurs mesures en ce sens : nous ne prenons plus l’avion pour les séminaires, nous favorisons les repas végétariens dans les évènements que nous organisons, nous avons mis en place une politique de réduction des déchets au bureau (en incitant entre autres à utiliser des boîtes réutilisables plutôt que de se faire livrer son repas), nous avons instauré une politique incitative pour favoriser l’usage du vélo…
Mais nous le savons tous, si les “petits gestes” sont un bon début, ils ne sont pas suffisants. Nous voulions donc aller au bout de la démarche et identifier tous les moyens de limiter encore plus nos émissions de CO2. En particulier nous souhaitions :
comprendre notre impact, dans sa définition la plus large possible
nous comparer aux moyennes de notre industrie, pour savoir si nos efforts paient
définir des pistes d’amélioration
C’est pour ces trois raisons que nous avons souhaité réaliser notre premier bilan carbone. Et, à tous ces niveaux, les surprises sont nombreuses ! Visite guidée.
Ca coûte cher un bilan carbone ?
Relativement cher, oui. Un bilan carbone coûte du temps et de l’argent. Deux ressources rares pour les startups, ce qui explique probablement pourquoi elles ne le font généralement pas.
Logiquement, la plupart des startups se disent qu’elles le feront quand elles seront plus grosses et bien installées. Nous avons eu le raisonnement inverse : nous tenions à le faire le plus tôt possible, car c’est maintenant que nous avons le plus de liberté pour agir.Pour information, le bilan carbone d’une entreprise comme Shine (50 employés, 50 000 clients, un bureau) a coûté environ 10 000 euros (pour faire appel à une entreprise experte), et une semaine de travail en interne.
“125 tCO2e“, c’est à dire ?
C’est quoi un bilan carbone ?
Pour faire simple : toute les activités génèrent des émissions de CO2. Un bilan carbone, c’est une étude qui permet à une entreprise de calculer le total de ses émissions de gaz à effet de serre. Celui-ci est réalisé par une entreprise tierce, qui a les compétences nécessaires dans ce domaine, et surtout qui a accès à l’outil créé par l’Association Bilan Carbone et l’Ademe.
Concrètement, lorsque nous réalisons un bilan carbone (ou BEGES pour les intimes — Bilan des Emissions de Gaz à Effet de Serre) nous regardons l’ensemble de l’activité de Shine, et nous calculons les émissions de gaz à effet de serre générées par chacun des éléments. De la commande de papier pour l’imprimante aux serveurs qui font tourner l’application, en passant par les déplacements des membres de l’équipe.
Le résultat est donné en tCO2e ou, en français, en tonne équivalent CO2.
D’octobre 2018 à octobre 2019, Shine a produit 125 tonnes équivalent CO2 (ou 125tCO2e). Evidemment ce n’est pas très parlant. Nous avons donc trouvé quelques éléments de comparaison :
Sur un an, un compte Shine émet à peine plus de CO2 qu’il n’en faut pour préparer un repas standard. Soit 2,5 kg de CO2 (contre 2,04 kg pour un repas) Autant dire, que ce n’est pas grand chose. Mais pas la peine de sauter un repas pour compenser, ne vous inquiétez pas :)
Au total, Shine a émis autant de CO2 en un an que l’équivalent de 3 familles de 4 personnes.
Ces données ont surtout de la valeur par les enseignements que nous pouvons en tirer. Dans notre cas, nous les avons regroupés en trois enseignements.
Enseignement 1 : nos principales émissions ne viennent pas de là où nous le pensions !
Instinctivement, nous pensions que nos émissions viendraient principalement de l’usage de nos serveurs et de l’énergie utilisée pour chauffer et éclairer nos bureaux.
Eh bien nous avions (presque) tout faux :
Les serveurs ne représentent qu'une toute petite partie de nos émissions, car ils sont alimentés par des énergies renouvelables.
Les bureaux représentent un peu plus, mais cela reste très faible.
Mais alors quelles sont nos principales sources d'émissions de CO2 ?
La source d'émissions la plus importante, et de loin (la moitié de nos émissions à elle seule), est liée à nos achats de services bancaires. C'est-à-dire à toutes les infrastructures que nous achetons à des prestataires pour faire fonctionner les comptes et les paiements.
La deuxième, à 20%, ce sont les transports. Nous faisions déjà attention à limiter les voyages en avion au strict nécessaire, et aucun des employés de Shine ne vient en voiture ou scooter (nous avons de la chance, nous sommes dans le centre de Paris, donc tous peuvent venir en transports en commun ou en vélo). Mais nous avions réservé des vols pour un séminaire d'équipe à l'étranger, et cela pèse extrêmement lourd dans le bilan. Entre temps, nous avons décidé d'arrêter les séminaires qui nécessitent de prendre l'avion, et ce poste sera donc largement diminué dans notre prochain bilan carbone.
Enfin, le troisième poste est le plus surprenant : la nourriture. Shine finance le repas de ses employés avec des tickets restaurants, et cela compte dans le bilan carbone de l'entreprise. Cela pèse même assez lourd, puisque le bilan carbone de la nourriture représente 14% du total, soit presque autant que celui des transports. Cependant, un quart des repas consommés par l'équipe sont végétariens, ce qui diminue sensiblement leur impact.
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Enseignement 2 : pour pouvoir nous comparer, nous avons besoin que les banques jouent le jeu
L'un de nos objectifs en réalisant le bilan carbone était de nous comparer aux autres acteurs de l'industrie, pour voir si nos efforts paient, et si le fait d'être 100% en ligne était un atout ou une faiblesse pour notre impact environnemental.
Nous pouvons vous annoncer aujourd'hui que... nous ne savons pas vraiment.
Eh oui, nous avons été surpris de voir que cela n'était en fait pas possible : très peu d'établissements ont réalisé un bilan carbone complet et en ont publié les résultats. Ainsi, comme vous pouvez le voir sur le tableau ci-dessous, selon la méthode utilisée, les émissions vont du simple au 1500tuple.
Pourquoi ? C'est assez simple en réalité.
Le bilan carbone étudie trois scopes : les scopes 1, 2 et 3. Facile.
Les 1 et 2 sont les seuls qui sont obligatoires pour les entreprises de plus de 500 employés. Ils concernent les émissions générées directement par l'entreprise donc, pour résumer : l'énergie pour éclairer et chauffer les bureaux, et les véhicules de fonction.
Le scope 3, lui, n'est pas obligatoire. Et c'est dommage, parce que c'est celui qui inclut les émissions générées par l'entreprise en amont et en aval de son activité. Par exemple, pour une banque : la fabrication des ordinateurs qu'elle achète, les voyages en avions, et les investissements qu'elle réalise. Et vous vous en doutez, pour une banque, c'est le scope 3 le plus polluant.
En attendant que toutes les banques jouent la transparence et indiquent avec précision leur responsabilité dans les émissions de CO2, nous avons tout de même pu trouver quelques entreprises dans le même secteur qui ont joué le jeu et publié l'étude de leur scope 3. Bonne nouvelle : nous émettons environ 3 fois moins de CO2 par employé !
Enseignement 3 : comment diminuer nos émissions de CO2 ?
Nous en avions le sentiment, mais il se confirme. Une grosse partie des efforts que nous pouvons faire nous-même directement sont déjà en place. Dans notre cas :
Utilisation de serveurs alimentés en énergies renouvelables
Incitation à réduire la consommation de viande
Limitation des déchets
Limitation des transports en avion
Télétravail pour limiter les déplacements
Incitation à utiliser le vélo
Passage à un fournisseur d'énergie verte pour les bureaux (en cours)
Achat de matériel informatique recyclé pour les nouveaux venus (en cours)
Nous aurons du mal à améliorer nos comportements à l'infini : il n'est bien sûr pas question de forcer tout le monde à utiliser un vélo ou à manger 100% végétarien, et nous serons toujours obligés de prendre quelques vols en avion par an.
Nous avons donc prévu deux pistes de travail pour diminuer quand même nos émissions.
La première : travailler avec nos principaux fournisseurs.
L'objectif est double : faire la lumière sur ce que nous consommons vraiment (en effet, s'ils n'ont pas réalisé eux-même de bilan carbone, nous sommes obligés d'utiliser des moyennes de l'industrie pour calculer l'impact sur notre propre bilan), et travailler avec eux pour les accompagner vers une réduction de leurs propres émissions.
C'est un gros challenge car nous ne serons pas en mesure de décider directement. Mais c'est un challenge stimulant car c'est en travaillant sur toute la chaîne que nous réussirons collectivement à réduire les émissions carbone : sur notre activité évidemment, mais aussi sur nos prestataires en amont, et sur les utilisations de Shine en aval.
Nous avons déjà une première bonne nouvelle à partager avec vous à ce sujet : nous en avons bien sûr contacté certains avant de publier cet article, et ils se sont montrés très intéressés par la démarche et réfléchissent à faire leur bilan carbone !
La seconde : préparer l'avenir.
Avec un peu de volonté, il est assez simple de limiter ses émissions de CO2 lorsque l'on est 50 dans un seul bureau. Les limiter lorsque l'on est plusieurs milliers dans plusieurs bureaux, dans plusieurs pays, c'est une autre paire de manches.
C'est pour cela que nous avons voulu faire ce bilan carbone maintenant. Nous tenons à mettre en place dès aujourd'hui les bonnes pratiques, qui nous permettront d'être efficaces quand Shine sera plus grande. Pour cela, nous avons d'ores et déjà prévu d'augmenter la part de matériel d'occasion pour les équipes, d'augmenter la part des repas végétariens lors des repas d'entreprise, et de mettre en place une politique agressive de restriction des vols (les séminaires ont maintenant lieu dans des endroits accessibles par train ou car).
Le chemin sera long...
...et nous n'en sommes qu'au début !
Nous sommes très conscients que, pris isolément, nos efforts ne servent à rien, ou presque. C'est pour cela que nous avons décidé de communiquer sur ce sujet : nous espérons inciter d'autres entreprises à s'emparer du sujet, et à agir pour réduire leurs émissions de CO2.
Nous avons beaucoup appris en réalisant ce bilan carbone, et nous souhaitons partager ces apprentissages avec elles pour leur faciliter le travail et leur permettre de réduire leurs émissions de CO2 aussi vite et aussi efficacement que possible.
Nos coulisses vous intéressent ? Entrez, c’est ouvert !