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Comment bien évaluer une entreprise à reprendre ?

Antoine Collin - SEO/Juriste

Publié le 14 mars 2023

par Antoine Collin

nathan colson

Mis à jour le 28 octobre

par Nathan Colson

8 min. de lecture

Antoine Collin - SEO/Juriste
nathan colson

Publié par Antoine Collin

Relu par Nathan Colson

Mis à jour le 28 octobre

8 min

Que ce soit pour vous lancer dans l’entrepreneuriat ou pour agrandir votre activité professionnelle, la reprise est une façon sûre de vous lancer. Vous bénéficierez d’une équipe formée, d'une clientèle préexistante et de revenus immédiats. Mais attention au revers de la médaille ! Parcourons ensemble les quatre étapes pour réussir l’évaluation d’une entreprise à reprendre.

Sommaire
Étape n°1 : collecter les informations nécessaires
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Étape n°1 : collecter les informations nécessaires

Afin d’évaluer l’entreprise à reprendre, la première étape consiste à rassembler l'ensemble des documents et données nécessaires à ce travail.

Les informations juridiques

Parmi les documents juridiques nécessaires, nous vous conseillons de demander au cédant :

  • Un Kbis ou le numéro SIREN (afin d’obtenir l’identité légale de l’entreprise) ;

  • Les statuts de l’entreprise ;

  • Le PV de la dernière assemblée générale, afin d’y analyser la situation actuelle de la société ;

  • Le bail commercial, qui précise les activités professionnelles autorisées dans le local occupé par l’entreprise ;

  • Les différents contrats liant la société avec ses parties prenantes : CGV, contrats de prestation, licences d’exploitation, contrats de location et de crédit-bail, contrats commerciaux, etc.

Les documents comptables, sociaux et fiscaux

Vous devez également vous procurer des documents ayant trait à la comptabilité et à la fiscalité de l’entreprise reprise :

  • Les liasses fiscales portant sur les trois derniers exercices ;

  • Les trois derniers bilans et comptes de résultat ;

  • Les fiches de paie de l’ensemble des salarié·e·s, pour déterminer la masse salariale ; 

  • Les types d’emplois occupés par les salarié·e·s, ainsi que leur niveau de qualification, leur ancienneté, etc.

Étant donné que ces documents contiennent des informations confidentielles, le ou la cédant·e est en droit de vous demander de signer un accord de confidentialité et de non-divulgation des informations auxquelles vous aurez accès.

139 000 💥

C’est le nombre d’entreprises en région Île-de-France qui ont au moins un·e salarié·e et dont le ou la dirigeant·e est âgé·e de plus de 54 ans. Elles feront l’objet d’une reprise dans les années à venir. L’enjeu est de taille, car ces entreprises représentent 807 000 salarié·e·s en tout !

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Étape n°2 : réaliser les diagnostics

Armé·e de tous les documents nécessaires, vous pouvez concentrer vos efforts sur les diagnostics de l’entreprise à acquérir. Cet exercice ressemble de près à la rédaction d’un business plan, sauf que l’entreprise existe déjà !

Le diagnostic externe

Pour réaliser un diagnostic externe de l’entreprise, nous recommandons de vous intéresser à son marché :

  • Concurrent·e·s (principaux concurrents en place, concurrents potentiels et solutions de substitution aux produits et services proposés par l’entreprise) ;

  • Évolution du marché ;

  • Client·e·s.

L’environnement réglementaire et législatif peut également être un facteur important pour l’évaluation de l’entreprise, en particulier dans des activités en lien avec la transition écologique, dont la législation évolue très vite.

Des facteurs macro-économiques peuvent aussi impacter certaines activités, tels que le niveau de chômage (impactant le pouvoir d’achat des client·e·s) ou le niveau des taux d’intérêt (dans les métiers liés à l’immobilier, par exemple).

Certaines activités sont enfin fortement dépendantes de l’évolution des technologies, comme le prouve la faillite des chaînes de location de DVD après l’apparition des services de vidéo à la demande sur Internet.

Le diagnostic interne

Après avoir analysé tout ce qui est externe à l’entreprise, place maintenant à ce qui se passe entre ses murs.

Une entreprise peut être bien installée sur un marché en pleine croissance, et malgré tout rencontrer des difficultés, liées à des causes purement internes.

Voici les points d’analyse principaux à cette étape :

👉 Le facteur humain

C’est la clé du succès. Vous devrez analyser les compétences et le niveau de motivation des salarié·e·s. Nous vous conseillons de vous pencher sur le taux de bien-être au travail, la qualité de la communication entre les équipes et leur capacité à collaborer. 

👉 Les équipements 

Combien d’équipements possède le ou la gérant·e précédent·e ? Sont-ils de qualité ? La récence des équipements matériels dont dépend l’entreprise est essentielle pour assurer sa production et éviter d’avoir à financer du matériel pro de sitôt. 

👉 La clientèle et l’image de marque 

Si la clientèle actuelle est fidèle et qu’elle comporte une large diversité de client·e·s, les risques seront moindres. Il convient d’analyser la notoriété de la marque à l’échelle locale. 

👉 La santé financière de l’entreprise à reprendre

Cette dernière croule-t-elle sous un niveau de dettes insoutenable ? A-t-elle un chiffre d’affaires en progression régulière ? Est-elle en capacité de générer un flux de trésorerie positif ?

👉 Les aspects juridiques et fiscaux

L’entreprise fait-elle face à des difficultés contractuelles ou fiscales ? Est-elle à jour de ses cotisations sociales et du versement de ses impôts et taxes ?

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Étape n°3 : retraiter les informations

Avant d’évaluer le prix de l’entreprise que vous souhaitez acquérir, il convient de procéder à certains retraitements économiques.

Dans les TPE et PME, il arrive fréquemment que les dirigeant·e·s se versent des rémunérations n’ayant pas de lien concret à leur niveau d’implication dans l’entreprise.

Certain·e·s dirigeant·e·s sont passifs ou passives et peu présent·e·s dans l’entreprise, mais se rémunèrent fortement. D’autres sont au contraire très investi·e·s, mais font le choix de ne pas se rémunérer pour privilégier le réinvestissement dans le développement de leur entreprise (et en maximiser la valorisation).

Les revenus des dirigeant·e·s font donc l’objet d’un retraitement, en comparant les rémunérations réellement versées à la rémunération moyenne du marché pour le niveau de responsabilité correspondant ! ⚖️

Il arrive aussi que les locaux professionnels soient mis à disposition par les actionnaires de l’entreprise, avec un niveau de loyer sur ou sous-évalué. Ce montant doit être réévalué.

Du côté commercial, nous vous conseillons aussi d’évaluer l’encours client : la somme de la totalité des créances accordées aux client·e·s d'une entreprise. Ce montant peut faire apparaître des risques d’impayés.

Cela vous permettra également de déterminer le niveau de solvabilité de votre future clientèle !

Enfin, une dernière action utile consiste à corriger l’actif et le passif :

  • Comparer les actifs immobilisés (équipements, matériels, etc.), les brevets, les marques et le fonds de commerce à leur valeur de marché réelle ;

  • Vérifier que tous les risques et dettes sont bien comptabilisés.

Tous ces retraitements vous permettent de déterminer la véritable capacité de l’entreprise à générer un flux de trésorerie positif.

⚠️

La cession d’une entreprise peut coûter cher. Entre les frais d’expertise et de conseils juridiques, les formalités et les taxes et impôts, la cession d’une entreprise coûte environ 6 % du montant de la cession, pour une valorisation de 500 000 € et peut atteindre 8 % si la valorisation est de 150 000 € !

Étape n°4 : choisir la méthode d’évaluation

Arrivé·e à cette ultime étape, vous détenez l’ensemble des informations nécessaires. Il ne vous reste plus qu’à choisir une des trois principales méthodes de valorisation, pour fixer le prix à l’entreprise à reprendre.

La méthode d’évaluation patrimoniale

Cette méthode s’intéresse au passé de l’entreprise. Elle consiste à évaluer les actifs détenus et à en déduire le passif. Notons que les actifs doivent être réévalués à leur valeur de marché.

On appelle aussi cette méthode ANR (actif net réévalué). On peut la simplifier en notant que l’entreprise vaut ce qu’elle possède, déduit de ce qu’elle doit.

La méthode d’évaluation par la comparaison

Une autre façon permet de valoriser une entreprise : la comparer à des entreprises similaires ayant été cédées récemment.

L’objectif est d’appliquer les mêmes multiples de valorisation utilisés lors de cessions similaires, et d’en déduire une valorisation pour l’entreprise à reprendre.

La méthode d’évaluation par la rentabilité économique

La méthode des rendements consiste à s’intéresser en priorité à la capacité à générer des revenus.

Pour cela, on évalue soit les flux de trésorerie générés dans le passé, soit ce qu’on escompte comme flux financier dans le futur.

On multiplie le résultat net retraité de l’entreprise par un facteur multiplicateur, qui dépend de la taille de l’entreprise et de son secteur d’activité. 

Prenons un exemple concret : une société de traduction linguistique peut actuellement être valorisée entre quatre et huit fois son résultat net annuel.

Les facteurs de majoration et de minoration

Les méthodes de valorisation vous donnent un ordre de grandeur de la valeur de l’entreprise reprise. Mais ces dernières ne vous offrent pas une vision complète et définitive !

Vous pouvez ensuite ajuster cette valorisation en fonction de facteurs qui peuvent agir en majoration ou en minoration de cette valeur :

  • Emplacement du magasin (dans le cas du commerce) ; 

  • État de l’équipement ; 

  • Perspectives de développement sectoriel ou géographique ; 

  • Évaluation des départs potentiels suite au rachat (facteur de démotivation et de désorganisation de l’activité) ;

  • Notoriété de l’entreprise ;

  • Phase du cycle de vie de l’entreprise (une entreprise en plein développement est mieux valorisée qu’une entreprise en perte de vitesse) ;

  • État du réseau de distribution ;

  • Perspectives d’innovations à venir.

Précisons ici que la méthode globale d’évaluation proposée dans cet article ne concerne que la reprise de l’ensemble de l’entreprise cible, et non d’une partie de ses actifs. 

Vous pouvez en effet souhaiter ne reprendre que des actifs isolés, tels que la clientèle, l’équipement matériel, le fonds de commerce ou encore le droit au bail. Dans ce cas, la méthode d’évaluation sera simplifiée et différente.

Valoriser une entreprise à reprendre : en bref !

La valorisation d’une entreprise à reprendre est un exercice chronophage, mais vital ! 🫀

Reprendre une entreprise peut s’avérer être une très bonne opération financière, en plus de constituer une expérience humaine riche et intense !

Mais avant de vous lancer, nous vous conseillons de prendre deux à trois semaines pour réaliser une évaluation fine et détaillée de la valeur de l’entreprise à reprendre, en suivant les quatre étapes détaillées dans cet article.

Vous souhaitez reprendre une entreprise, mais ne savez pas laquelle ? Nous avons conçu un guide complet pour vous aider à trouver des entreprises à reprendre !

Et si une fois l’entreprise reprise, vous avez besoin d’un coup de main pour vos démarches administratives et financières, nos experts sont là pour vous.

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