Salaire ou dividendes : comment faire le bon choix ?
Publié le 7 septembre 2023
par Pierre Ecuvillon
Mis à jour le 8 novembre
7 min. de lecture
Publié par Pierre Ecuvillon
Relu par Victoria Grimaldi
Mis à jour le 8 novembre
7 min
Vous gérez une société et souhaitez connaître la meilleure option pour vous payer ? Derrière cette question se cachent des enjeux majeurs : fiscalité, protection sociale, fluidité de trésorerie. Alors, que choisir entre un salaire et des dividendes ? Notre guide vous aide à choisir une solution adaptée à votre situation professionnelle !
Salaire ou dividendes : définitions & caractéristiques
La première étape pour choisir un mode de rémunération consiste à comprendre les caractéristiques des dividendes et du salaire. Chaque option a ses spécificités et mérite d'être scrutée de près.
Le salaire
Le salaire est une somme d'argent versée régulièrement en contrepartie d'un travail effectué. Il est généralement constitué d'une partie fixe et peut être complété par une partie variable, comme des bonus ou des commissions.
Le salaire est versé à certains dirigeants de société. Il offre une couverture sociale.
Les dividendes
Un dividende est une somme d'argent perçue en raison d'une participation au capital d'une société. Pour y prétendre, un apport est nécessaire, qu'il soit en numéraire, en nature ou en industrie. Ainsi, les bénéficiaires deviennent associé·es.
Contrairement au salaire, les dividendes ne fournissent pas de couverture sociale ou de droits à la retraite. En revanche, ils peuvent offrir des avantages fiscaux intéressants.
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Quand choisir entre salaire, rémunération et dividendes ?
Le salaire est pour les salarié·es, la rémunération pour les gérant·es et les dividendes pour les associé·es.
Oui, mais il arrive que l’on cumule plusieurs de ces statuts !
Voici quelques cas où l’on peut choisir entre différents modes de rétribution ou arbitrer leur proportion respective.
Dans une SAS (ou SASU)
La rémunération d’un·e dirigeant·e de SAS obéit à des règles spécifiques. La présidente ou le président est assimilé·e-salarié·e. Il ou elle reçoit donc un salaire et paie des cotisations.
Un·e président·e associé·e d’une SAS dégageant des bénéfices peut aussi recevoir des dividendes.
Dans une SARL (ou EURL)
Dans une société anonyme à responsabilité limitée, la dirigeante ou le dirigeant peut recevoir une rémunération au titre de son mandat social. Cette rémunération n’est pas un salaire, mais est soumise à la CSG et aux précomptes sociaux.
Un·e dirigeant·e associé·e peut également être rétribué·e avec des dividendes.
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Un gérant de SARL peut être salarié s'il reçoit un salaire, s’il a un contrat de travail et s'il exerce des fonctions techniques distinctes de son mandat social.
Les dividendes : avantages et inconvénients
En tant que part des bénéfices distribuée aux actionnaires, les dividendes offrent de nombreux avantages mais présentent certaines limites.
Avantages des dividendes
Voici les raisons de préférer les dividendes au salaire :
prélèvements sociaux réduits : prélèvement forfaitaire unique (ou flat tax) de 30 % (12,8 % au titre de l’impôt sur le revenu et 17,2 % de prélèvements sociaux) ;
flexibilité sur le plan fiscal : choix entre la flat tax ou l’imposition au barème progressif de l'impôt sur le revenu ;
abattement de 40 % si vous optez pour le barème progressif de l'IR.
attractivité pour les investisseurs potentiels si vous versez régulièrement et généreusement des dividendes.
Inconvénients des dividendes
Voici les inconvénients des dividendes :
double imposition : les dividendes sont imposés au niveau de l’IS avant leur distribution puis via l’IR quand ils sont perçus par les associé·es ;
absence de droits sociaux : ils ne confèrent ni protection sociale ni droit à la retraite ;
distribution conditionnelle : les dividendes sont versés en cas de bénéfice et à la suite d’une décision de l’assemblée générale. En l'absence de bénéfices, point de dividendes ! ;
cotisations sociales à payer en SARL/EURL si les dividendes versés au gérant majoritaire représentent plus de 10 % du capital social de l’entreprise, des primes d'émission et des apports en compte courant d'associés. Dans ce cas, les dividendes font l'objet de cotisations sociales des TNS (environ 40-45 % du montant). Ce n'est pas le cas en SAS/SASU : les dividendes ne supportent aucune cotisation sociale.
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Le salaire : avantages et inconvénients
Si vous êtes président de SAS assimilé·e-salarié·e ou que vous avez un contrat de travail distinct de votre mandat de gérant·e en SARL, vous percevez un salaire. Voici les avantages et inconvénients de ce mode de rétribution.
Avantages du salaire
Voici les raisons de préférer le salaire aux dividendes :
protection sociale : couverture sociale complète, assurance chômage (sauf pour les assimilés salariés car il faut un contrat de travail pour toucher le chômage) et retraite ;
rémunération stable et récurrente ;
déductibilité fiscale pour l’entreprise : le versement du salaire permet de réduire l’assiette imposable de la société ;
facilité d'accès au crédit.
Inconvénients du salaire
Voici les inconvénients du salaire :
charges sociales élevées ;
moins de flexibilité fiscale que les dividendes et moins de flexibilité de façon générale : une fois fixé, il est plus difficile de le modifier ;
pas de participation aux bénéfices.
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Les éléments à considérer pour choisir entre salaire et dividendes
Plutôt que choisir un mode de rétribution exclusif, il est préférable d’opter pour un arbitrage. Cela permet de minimiser certains inconvénients, tout en essayant de profiter des aspects positifs du salaire et des dividendes.
Il n’y a pas de règle absolue, mais plutôt un ensemble de facteurs à prendre en compte. L’objectif : percevoir une rémunération régulière et protectrice, tout en bénéficiant de certains leviers d’optimisation fiscale.
Le type de société
La SARL et la SAS diffèrent au niveau du statut de la ou du dirigeant·e : travailleur·euse non salarié·e dans la première, et assimilé·e-salarié·e dans la seconde.
Ces deux statuts impliquent des charges sociales différentes : la rémunération d’un·e gérant·e de SARL est moins soumise aux contributions sociales que le salaire d’un·e dirigeant·e de SAS.
Par exemple, pour une rémunération annuelle de 100 000 € brut, le montant des cotisations sociales sera de :
43 663 € dans une SAS ;
30 888 € dans une SARL.
👉 Pour une rémunération de 100 000 € brut, les charges sociales sont plus élevées en SAS qu'en SARL.
Pour un versement de 100 000 € de dividendes, le prélèvement forfaitaire unique (ou flat tax) est de 30 000 €, dont :
12 800 € au titre de l’IR ;
17 200 € au titre des prélèvements sociaux.
👉 Les dividendes sont donc plus intéressants en SARL et en SAS par rapport aux charges sociales.
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Attention : c'est loin d'être toujours vrai en SARL car les gérants majoritaires de SARL (détenant plus de 50 % du capital) doivent aussi payer des cotisations sociales sur les dividendes qui dépassent 10 % du capital social.
La couverture sociale souhaitée
En prolongeant l’exemple précédent, on peut déterminer le revenu d’un·e dirigeant·e après impôt :
environ 46 000 € dans une SAS ;
environ 56 000 € dans une SARL ;
70 000 € après versement des dividendes (l’IR a déjà été prélevé via le prélèvement forfaitaire unique).
Ces différences importantes doivent être mises en perspective avec le niveau de protection sociale :
couverture complète avec le statut assimilé-salarié d’un·e dirigeant·e de SAS ;
Sécurité sociale des indépendants pour un·e dirigeant·e de SARL ;
couverture inexistante avec le versement des dividendes.
La situation personnelle de la ou du dirigeant·e
Votre situation personnelle doit être prise en compte pour parvenir à un arbitrage optimal.
Les facteurs de décision peuvent inclure :
votre taux d’imposition à l’IR (déterminé par vos revenus totaux et votre situation matrimoniale) ;
vos obligations financières et vos autres revenus.
Par exemple, si vous avez d’autres sources de revenus réguliers, choisir des dividendes moins taxés est intéressant.
Enfin, les obligations financières telles que les prêts immobiliers ou les dettes peuvent également impacter la décision. Un salaire régulier est plus rassurant pour les créancier·es.
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Exemples d'arbitrages possibles
Pour une optimisation efficace de la rémunération d'un·e dirigeant·e, 2 stratégies sont à considérer.
D'abord, il est recommandé de fixer un salaire mensuel qui atteint les seuils de cotisations minimales. Cela garantit que la ou le dirigeant·e bénéficie de la protection offerte par le régime général de la Sécurité sociale.
Ensuite, il est conseillé de conserver une portion substantielle des bénéfices pour être distribuée sous forme de dividendes en fin d'année. Cette approche permet de tirer avantage des taux de prélèvements sociaux plus bas associés aux dividendes.
Concernant l'imposition des dividendes, si vous vous versez des dividendes, vous devez également choisir judicieusement entre :
la flat tax et son prélèvement forfaitaire unique de 30 %, avantageuse si vous êtes dans les tranches à 41 ou 45 % ;
l’imposition au barème progressif avec abattement de 40 % du montant des dividendes, intéressante si vous êtes imposé à 11 ou 30 %.
Choisir entre salaire et dividendes : le récap’
Vous avez maintenant toutes les informations en main pour opter pour la rémunération la plus avantageuse.
Le choix implique la connaissance :
des caractéristiques du salaire et des dividendes ;
des avantages et inconvénients de chaque mode de rémunération ;
des facteurs d’arbitrage entre un salaire protecteur et des dividendes peu taxés.
Vous souhaitez en savoir davantage sur la fiscalité de la rémunération des associé·es ? Vous pouvez lire nos articles sur la fiscalité des dividendes.
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